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LETTRE A L'EPOUSE - RICHESSE


LA MONNAIE LE LANGAGE DES DIEUX

Après avoir sondé le passé, une projection dans le présent et l’avenir s’impose. Comment le diable a t’il traversé les siècles et les civilisations afin de pérenniser son règne sur la terre ? Comment le principe caché de la colonne ²arbre de vie² ou pilier de Melkart-Caïn a t’il évolué pour se fondre dans notre monde moderne ?

Répondre à ces questions, revient à reprendre la gouvernance et l’autorité perdues en Eden pour la restituer à l’Epoux véritable, le Seigneur Jésus-Christ. Se réapproprier le Verbe de Dieu dans Sa Parole est la condition incontournable, car comme au commencement était le Verbe, ainsi doit-il en être à la fin des jours. Replacer la Parole de Dieu au centre de nos vies, c’est la placer au-dessus de toutes les autorités et puissances.

Cette étude marche en parallèle avec celle de ²la semence du serpent² qui tire sa source de la genèse autre livre énigmatique dont le contenu doit être révélé au terme des jours. Le Seigneur dans sa prescience et immense sagesse procède par dichotomie pour expliquer  la genèse puis l’évolution du règne du diable. Le terrestre et le spirituel sont parfaitement séparés dans les textes afin que nul amalgame ne soit possible. Nous avons donc deux textes distincts en Esaï et Ezekiel qui parlent de satan.

 

L'invention de l'écriture et des langues

La reconstitution qui suit utilise des données archéologiques sumérrich31iennes se présente comme une généralisation probable, qui décrit la prise de contrôle progressive du temporel par le spirituel en utilisant le biais du commerce.
Dans la seconde moitié du IVe millénaire avant notre ère, en Mésopotamie du Sud et en Iran du Sud-Ouest, sur les sites principaux d'Uruk et de Suse, des Sumériens et des Élamites eurent l'idée d'enregistrer matériellement certaines de leurs transactions. Depuis des siècles, les hommes du Proche et Moyen-Orient comptaient en s'aidant de jetons et de calculis en argile. Certains de ces jetons et calculis montrent des formes géométriques : billes, disques, cônes, cylindres, triangles, tétraèdres; d'autres, des formes plus ou moins réalistes : têtes d'animaux, vases. Ces objets permettaient d'enregistrer la quantité et aussi la qualité de denrées; certains jetons triangulaires portent des traits incisés, symbolisant sans doute des fractions, et d'autres, en forme de tête de bovin, montrent six points, symbolisant une «sixaine», dixième de l'unité dans la numération mésopotamienne à base 60. Jetons et calculis ont pu servir d'indicateurs de stock ou être transmis lors d'une transaction.

L’invention du sceau.

rich32Mais cette technique ne constitue pas de l'écriture. Pour inventer l'écriture, il fallait faire entrer le langage, la parole, l'air dans ces témoins plats et pleins. Les sumériens  effectuèrent ce tour de force : ils fabriquèrent des calebasses artificielles, qu'on appelle des bulles-enveloppes, à partir d'une boule d'argile tournée autour du pouce, et ils y enfermèrent des calculis (bâtonnets, billes, disques, cônes). Ils firent, en quelque sorte, la même opération que les dessinateurs de nos bandes dessinées, car figurer de la parole nécessite de montrer de l'air, du vide, un espace clos sortant d'une bouche pour les phylactères de nos modernes, du creux pour les bulles-enveloppes du vieux monde oriental. Sur la surface d'argile fraîche, Mésopotamiens et Iraniens déroulèrent un sceau cylindre gravé, dont l'empreinte donnait à voir des animaux, des scènes religieuses, d'atelier ou d'engrangement des récoltes; le sceau, objet personnel identifiant son propriétaire, montrait la signature d'une autorité responsable, tandis que les calculis enregistraient la quantité et la qualité des denrées de la transaction.
Les sceaux cylindres se diffuseront de Mésopotamie jusqu’à la Syrie et en Palestine comme le prouve de nombreuses empreintes de sceaux-cylindres retrouvées à Megiddo et à Byblos taillés par des Phéniciens. Les motifs qui figuraient au début des scènes de vie courante se spiritualisent au fil des siècles pour devenir la marque de dieux, qui deviennent les garants  des transactions commerciales.

rich33En tout, près de deux cents bulles à calculi ont été trouvées, à Suse, à Uruk et sur d'autres sites de Syrie et d'Iran en contact avec ces cités. Leur usage demeure sujet à discussion. Une bulle circulait-elle en même temps que les denrées, s'il s'agissait de transaction à moyenne ou longue distance? Il semble évident que la bulle, cassée, permettait de vérifier que la quantité et la qualité des denrées étaient bien conformes à l'engagement entre les parties et les mêmes à l'arrivée qu'au départ. La bulle à calculi scellée prenait la place de certaines des paroles qui avaient été prononcées par les contractants, les matérialisant. Très vite, on en vint à imprimer sur la surface de la bulle-enveloppe, en plus du sceau, des formes qui reproduisaient à peu près celles des calculi; le bâtonnet fut représenté par une encoche longue et fine, en creux, obtenue par la pression longitudinale d'un roseau sur l'argile fraîche; les petites sphères furent figurées par une fosse obtenue en enfonçant la pointe du roseau dans l'argile, les disques par une cupule que laisse la trace du doigt; à l'occasion, un calculis a pu être appuyé sur l'argile pour y laisser son image

L'existence de ces premiers signes imprimés entraîna très vite, entre -3200 et -3100 avant notre ère, la disparition des calculis, l'aplatissement des bulles-enveloppes, et l'on passa à la fabrication de petites tablettes assez grossières, dont le nombre, à Uruk, atteint cinq milliers. Les autres tablettes, qui attestent des signes pictographiques, conservent souvent plusieurs opérations, avec des totaux, montrant la comptabilité à l'oeuvre. Les pictogrammes se présentent soit comme un dessin schématique de chose - un épi de céréales -, soit comme une image synthétique - une croix dans un carré arrondi pour le mouton dans son enclos -, soit comme des images évocatrices, ainsi les signes pour «seigneur» ou pour la «(déesse) Inanna». Ces pictogrammes furent rapidement très nombreux.

rich34Les premiers pictogrammes sumériens sont des signes expérimentaux, qui tiennent à la fois de l'icône, du rébus, de l'indexation lexicale, et dont la fonction revenait à rendre des segments de parole dans une comptabilité administrative où étaient essentiels les noms propres des agents, des denrées et les nombres, dates et quantités, nécessaires aux calculs (sur les 5 000 tablettes archaïques, 85 % représentent des comptes). Cette écriture engendra immédiatement ses propres outils, les listes lexicales, mais l'on n'écrivit point de texte littéraire avant des siècles.

L'écriture, qui avait dû sa naissance à des échanges économiques et politiques à moyenne et longue distance, en était venue à noter la parole dans la cité et, se retournant à l'intérieur du social, le transforma de part en part.

Comme il n'est guère aisé de dessiner sur des tablettes d'argile (tracés difficiles, bavures, imprécisions...) les scribes mésopotamiens eurent une idée : ils enfoncèrent leurs calames dans les tablettes d'argile fraîche pour dessiner au moyen de coins ou des clous. Au lieu de représenter les objets avec des courbes, ils représentèrent les objets au moyen de clous ou de coins.
C'est donc pour des raisons pratiques et esthétiques que les signes cunéiformes furent inventés.
Sur le tableau  vous pouvez observer l'évolution des signes. Sur l'extrême gauche, vous avez le dessin vers la fin du IVe millénaire, il est constitué de courbes. Sur l'extrême gauche, vous avez le même dessin, mais au Ie millénaire, le dessin est si stylisé qu'il est impossible de deviner le motif originel.

À partir des bulles à calculi qui accompagnèrent le développement du commerce, la Mésopotamie sumérienne, puis l'Iran élamite écrivirent donc les nombres et des éléments de parole vers -3100. L’écriture est certainement avec la cité l’apport de civilisation essentiel que Sumer est légué au monde entier.
Enki (sumérien) / Ea (terme utilisé par les akkadiens). - Dieu mésopotamien primordial, est  le dieu de la sagesse, l’inventeur de l’écriture, de l’artisanat et des sciences.
Nyq Caïn en français, donne phonétiquement sans les voyelles, KYN ou KY 'N. La Bible étant un livre de révélations, elle développe donc non pas une pensée humaine, mais celle Dieu. Or Dieu développe sa pensée hors du temps et de l'espace, ce qui Lui permet de jouer avec de nombreux sens et allusions cachés. Nous savons que les acteurs des premières scènes bibliques, celle du jardin d’Eden ou du pays de Nod où ira Caïn se trouvent en basse Mésopotamie il y a 6000 ans à la période d'Obeid. Hors curieusement apparaît à la même période et au même endroit chez les sumériens, le seigneur EN, de la terre KI, ENKI! Un autre créateur de civilisation. Mais si KaY'N et EnKi portent les mêmes noms et font exactement les mêmes choses, soit créer une civilisation nouvelle, alors pourquoi ne serait-il pas les mêmes?
Ensuite par syncrétisme et évolutions successives Enki cédera sa place comme dieu principale en Mésopotamie à Amar-Utu/Marduk, divinité secondaire rattaché au dieu-soleil Samas cette divinité secondaire prendra ultérieurement la place d'Enki/Éa à l'apogée de la puissance de Babylone. Marduk deviendra le dieu tutélaire de la ville de Babilim signifiant "Porte du Dieu", que les grecs appelèrent Babylone. Par sa semence le serpent appose son sceau sur les principes mêmes de la civilisation.

L'invention de la monnaie frappée

Au début de ce siècle fut trouvé, dans les fondations d'un ancien temple d'Artémis à Éphèse, un trésor composé de quatre-vingt-treize objets monétaires et monnaies en électrum, de bijoux et de statuettes en ivoire. Si le dépôt fut enfoui un peu après l'an 600 avant notre ère, les objets durent être fabriqués et utilisés dans les décennies précédentes, à partir de -640, d'après les spécialistes. Le trésor monétaire se composait de sept blocs d'argent sans aucune marque et au poids apparemment régulier d'objets monétaires et de monnaies en électrum, parmi lesquels : deux globules sans marque, trois globules aplatis marqués d'un poinçon, quatre pièces avec un ou plusieurs poinçons, d'un côté, et de l'autre, un «décor» fait de stries gravées d'une vingtaine de pièces portant sur le droit un type (le plus souvent un animal) se détachant sur le même fond strié que précédemment et poinçonnées sur le revers de plus de soixante pièces avec un type au droit sur fond lisse et, au revers, un ou plusieurs poinçons.

Les archéologues et numismates, dès les années vingt, reconstituèrent, comme on va le voir, les étapes de l'invention de la monnaie frappée, qui ressemblent de façon étonnante à celles de l'invention de l'écriture. Notons que, au début du siècle, on ne savait rien sur le rôle des bulles-enveloppes dans l'invention de l'écriture et que les historiens de la monnaie antique contemporains ne s'intéressaient pas à l'invention de l'écriture; autrement dit, les descriptions, par les spécialistes respectifs, de l'invention de l'écriture et de celle de la monnaie frappée sont indépendantes l'une de l'autre.
 
Quelques-unes de ces pièces archaïques sont inscrites dans l'alphabet complet précédemment inventé par les Grecs; l'une porte la phrase grecque : phanos emi sema «Je suis le sceau de Phanès»; deux autres donnent à lire des noms lydiens : Kalil, Walwel, probablement ceux d'officiers monétaires. Ces maigres traces d'écriture des langues montrent que Lydiens et Grecs avaient en partage l'alphabet complet, division abstraite du son et permettant d'écrire n'importe quelle langue sur cette base.
Le métal lui-même provenait du mont Tmolos et du Pactole qui arrosait Sardes, la capitale lydienne, charriant ses pépites; l'électrum, mélange natif d'or et d'argent, n'était pas stable en sa composition, le taux d'or variant de 30 % à 75 %, sans que la proportion d'or soit visible à l'oeil nu par un quidam non averti. rich35

Les relations économiques et politiques qui furent à l'origine de l'invention de la monnaie frappée, et donc l'utilisation première des pièces, sont sujettes à discussion. La monnaie eut-elle d'abord une fonction religieuse ? Je pense que oui.
Le mythe d'origine de la première Monnaie couramment utilisée dans le commerce la fait créer par Gygès, un berger lydien qui grâce à un "anneau magique", un "sceau", devient invisible, tue le roi et épouse la reine. La Monnaie moderne semble donc liée à une forme de "révolution" abattant l'ancien pouvoir royal. Mais cela ne signifie pas qu'elle devienne immédiatement "profane". Au contraire, elle semble très fortement liée, dans ses premières formes, aux cultes orphiques et dionysiaques, cultes de "libération". Les premières Monnaies grecques sont marquées du signe de Phanès, dieu ailé précédant Orphée, principe d'amour réunissant les parties disjointes du Cosmos. (vers 650 AJC). Phanès-Orphée est également popularisé sous la forme de Dionysos le Prôtogonos (le Premier-né), ou de Silènes ithyphalliques (550 AV JC), également courants sur les monnaies. Phanès (photo ci-contre) a également beaucoup de points communs avec Hermès, dieu du commerce, des voleurs et des choses secrètes.
Dans leur cosmogonie, les Orphiques suivaient le système d'Hésiode, en y mêlant quelques légendes nouvelles comme le mythe de Dionysos Zagreus, et en rapprochant, les uns des autres les principaux dieux jusqu'à les identifier entre eux et avec Zeus-Phanès, le dieu souverain.


Dans le culte orphique, Cronos, personnification du Temps, confectionna un rich36oeuf d'où naquit Phanès (la lumière), le premier des dieux et créateur universel. L’œuf sacré du paganisme était  connu sous le nom d’œuf du monde, c'est-à-dire l’œuf dans lequel était renfermé le monde entier. Or, le monde a deux sens différents : il signifie ou bien la terre matérielle, ou les habitants de la terre. Le dernier sens de ce mot se trouve dans la Genèse : "La terre entière n'avait qu'un même langage et qu'une même parole" (Genèse 11 ; 1), c'est-à-dire tous les habitants de la terre. Si donc le monde est renfermé dans un oeuf , cette œuf pourrait être celui d’où est sortit le monde ou contenant dans son sein le monde entier le premier né de l’humanité, comme Dionysos Prôtogonos, ou encore celui d’où sortit la civilisation et les hommes comme Enki de Sumer. Enki que j’identifie à Caïn est la semence du serpent et l’image de l’œuf celui du serpent.
Que les premières monnaies grecques sont marquées du signe de Phanès ne doit pas nous étonner, car le dieu de ce monde marque toujours de son sceau ce qu’il fait, ce qui fait de la monnaie plus un instrument religieux que profane utilisé dans les temples pour le mariage sacré, la hiérogamie. Dans ce rituel la vulve de la prêtresse est assimilée à celle de la reine du ciel, Ishtar à Babylone. Comme déesse principale vénérée à Babylone, Ishtar était aussi la déesse des prostituées et un temple lui était dédié à ce titre. Avoir des relations sexuelles avec une prêtresse de ce temple permettait d'être lavé de tout péché et le " pénitent " devait alors s'acquitter d'un don. Ishtar était la promotrice de toutes les formes de sexualité, incluant toutes les perversités possibles

Son temple à Babylone s'appelait l'Etourkalama, la "maison qui est la bergerie du pays".Lescérémrich37onies qui s'y déroulaient rich38avaient une forte connotation érotique et semblaient plutôt liées à la prostitution sous ses formes sacrée et profane. L'entrée de la bergerie d'Inanna représentait l'entrée dans son utérus duquel toutes les choses vivantes commencent. Elle était marquée par une porte spéciale, une vulve symbolique qui était représenté par deux paquets de roseaux aux extrémités incurvées. Ce symbole a été souvent trouvé dans des temples, il représente donc symboliquement la porte d’Ishtar. La porte, vulve d’Ishtar, représente le passage vers la vie divine.
Dans ce temple était pratiqué le mariage sacré, une hiérogamie. Il s'agit de l'union sexuelle entre deux divinités. Lors des cérémonies de la fête du Nouvel an, le roi s'unissait avec une prêtresse qui représentait une déesse. Cet acte symbolisait la création et avait pour but d'apporter la prospéritéau pays.
En effet, en plus des offrandes matérielles, Astarté demande le sacrifice de personnes humaines, non qu’on doive les immoler devant son autel, mais la déesse de l’amour réclame des femmes (et parfois des hommes) qui veulent la servir, par le sacrifice de leur beauté. Cette pratique occupe une importance particulière dans le culte de la déesse Astarté. La prostitution sacrée est un rite qui vise à multiplier la force génératrice d’Astarté, dans l’espoir de garantir le renouveau perpétuel de la nature, la fécondité des femmes et l’accroissement du cheptel. Les hiérodules, ou courtisanes, faisaient partie des prêtresses et n’exerçaient la prostitution qu’à l’intérieur de l’enceinte sacrée, offrant leurs gains à la divinité.
Rien d’étonnant donc, que sur le front de la grande prostituée d’écrite dans l’Apocalypse, soit inscrit le nom Babylone. Il est donc intéressant de suivre l’évolution du symbole d’Ishtar/Inanna, les roseaux liés qui représente la porte (vulve de la prostituée Ishtar) du temple d’Ishtar au cours du temps.


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Les faisceaux de roseaux devinrent les colonnes des temples et palais, qui repris par paire représente un passage, une porte, la porte du dieu, Babylone. Si le dieu tutélaire de la ville de Babylone est Marduk, le nom est dédié à la déesse Ishtar/Astarté la reine du ciel.

Les lydiens, inventeurs de la Monnaie, "livrent à la prostitution leurs enfants de sexe féminin", selon Hérodote, perpétuant en cela les traditions babylonienne. La prostitution, qui a lieu dans les temples, est une forme de sacrifice : elle tend à raffermir le pouvoir du Signe, ici de la Monnaie. Les divinités des Monnaies, quand elles ne sont pas dionysiaques, sont liées à Aphrodite/Vénus, mère d'Eros, déesse de l'Amour, qui vient de l'Asie, où l'on vénérait la divinité lunaire Astarté, principe de fécondité; il fut apporté très anciennement, en plusieurs endroits du monde grec, par les Phéniciens.
Dans le cas de la prostitution sacrée lydienne, les prêtres jouent probablement le rôle de banquiers : ils font circuler les pièces que reçoivent les femmes en paiement. Les Grecs, par contre, ne connaissent pas la prostitution sacrée, à la différence des autres populations de la Méditerranée orientale, Egyptiens exceptés.
Les premières monnaies frappées d’un dieu deviennent donc le trait d’union dans les temples entre le prêtre qui les vend et la divinité représentée par la prostituée sacrée que l’on paye avec ces pièces et qui ouvre le passage vers le ciel.

rich311Après le dépôt d'Éphèse, jusqu'à la moitié du VIe siècle, des monnaies d'électrum furent encore frappées. Les historiens créditent d'ordinaire Crésus, dernier roi lydien (roi à Sardes de -560 à -546) d'avoir opéré la coupellation de l'électrum, frappé les premières pièces d'or et d'argent quasiment purs, les créséides, Le coin-matrice est mis au point à cette époque : il permet d'obtenir des empruntes (effigies ou syboles) en relief sur les faces de la pièce. C'est ainsi qu'à partir de l'Asie Mineure se diffusa l'emploi de la monnaie dite métallique dans tout le bassin méditerranéen. Ce sont toutes ces innovations qui inaugurèrent le vrai règne de la monnaie frappée; alors commença la production en masse de pièces d'argent émises par les cités d'Asie Mineure, de Grèce, d'Italie, de Sicile et d'ailleurs, tandis que l'or, rarement frappé par les cités méditerranéennes, devint le symbole et le métal de l'Orient perse achéménide (Sardes fut conquise par Cyrus le Grand en -546).

Plus tard l'empire romain appliquera la loi des douze tables qui annonce la naissance d'une nouvelle monnaie remplaçant la tête de bétail : des lingots fabriqués dans un alliage d'étain, de cuivre et de plomb ornés d'un bœuf appelés as. Les dimensions, les poids et les valeurs des monnaies en cours sont ensuite uniformisés. Progressivement, de nombreuses pièces romaines ont été introduites avec le développement de l'Empire, toutes frappées dans le temple du Juno Moneta (qualifiée d'avertisseuse), au Capitole. Ce temple avait reçu ce surnom avec l'épisode des oies du Capitole, car ce sont les oies sacrées de ce temple qui en furent les « héroïnes ». C'est dans ce temple que furent frappées les premières monnaies romaines. Junon est la reine des dieux et la reine du ciel, la déesse «qui avertit, conseille». Cette signification vient sans doute du verbe monere d’où viendrait le mot "monnaie".



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Le temple de Junon Moneta sur le sommet de l'Arx

Le Capitole symbolise les 2500 ans de l'Histoire de la ville de Rome. Avec ses 460 mètres de long et ses 180 mètres de large, le Capitole est la plus petite des sept collines de Rome, mais aussi la plus prestigieuse. Deux sommets composent la colline, séparés par une dépression : le Capitolium et l'Arx ou citadelle, emplacement du temple de Junon Moneta puis de l'église Sancta Maria d'Aracoeli. L’église qui occupe l'emplacement de l’ancien temple consacré à Junon Moneta est en fait un immense ex-voto, construit par les Romains pour remercier la Reine du Ciel d'avoir épargné la ville de l'épidémie de peste de 1346. C'est ici, selon la légende, que la Vierge reine du ciel et l'Enfant seraient apparus à Auguste et que la sibylle de Tibur lui aurait annoncé la naissance du Christ, un homme plus grand que lui. Le diable s’arrangeant toujours pour garder la gloire de son nom sous une forme ou une autre, Junon ou Marie, qu’importe le flacon du moment que l’on a l’ivresse.

A l'origine le site du Capitole est un point fortifié en relation avec sa situation géographique et la configuration du terrain. C'est un lieu de confrontation entre les Romains et les Sabins, quand les deux peuples se réunissent il s'intègre à la ville de Rome. Il devient ensuite le centre religieux de la ville puis c'est le haut lieu de la Rome Républicaine et Impériale, où siége la puissance qui dirige l'Empire.  A partir du Moyen-Age le Gouvernement de Rome s'y installe. A la Renaissance, la place du Capitole, lieu du pouvoir civil, devient grâce aux Papes le siège du pouvoir spirituel. Emettre une monnaie à l’effigie de l’empereur est comme celle d’un dieu romain, semblable.


rich314Le titre des empereurs byzantins et des Empereurs romains pour les Grecs était Basileus (Βασιλεύς) signifie « roi ». Le basileus tire son autorité de Dieu, et non de son prédécesseur. Jean II empereur byzantin, considèrera ainsi que la « charge de l’Empire lui avait été confiée par Dieu ». Cette intervention divine est d’autant plus nette lorsque l’empereur est un usurpateur : tel est ainsi le cas de Nicéphore Ier et de Basile Ier, auxquels « Dieu a concédé de régner sur les Chrétiens pour la génération présente ». En tant qu’individu, le basileus n’est qu’une apparence et tous ses actes dépendent étroitement de la volonté divine. Cette conception divine de la fonction impériale emporte pour conséquence que, se révolter contre l'Empereur est une révolte contre Dieu ; le révolté contre le basileu est un ennemi de Dieu ou un sacrilège. (L’Empereur est entouré sur terre, d’un décorum symbolisant l’origine divine de sa fonction : sa puissance divine doit en imposer l’idée à quiconque est introduit en sa présence. Il est l’image terrestre que le peuple voient du monde divin.
 La monnaie frappée à l’effigie de l’empereur devient donc le symbole du pouvoir temporel et spirituel. La nomisma d’or ou le millarision d’argent, seront  revêtus d’une valeur sacrée au point que le seul fait de les jeter à terre et de les fouler constituent une offense faite à l’Empereur et donc à un dieu !  A noter que basileu est de la même racine que le basilic, le serpent antique.

(Photo) Sur des monnaies d'Antonin et de Commode, Junon apparaît portant un casque à cornes, tenant une lance et accompagnée d'un serpent, elle est qualifiée de SISPITAE (préservatrice) ou comme Diane, celle qui apporte la lumière.

La monnaie, outil d'extinction d'une dette politique inventé à l'usage «international» entre peuples, États et cités différents, investit l'intérieur du social et le transforma, créant de nouveaux rapports sociaux, dont les tyrannies archaïques du monde grec et romains se font  l'écho.

rich315Lydiens et Ioniens frappèrent les globules avec un coin gravé à l'envers comme un sceau, dont la marque donna le type de droit. Dans les deux cas, le sceau indiquait le pouvoir économique et politique - roi, prêtre, officier monétaire.

La bulle-enveloppe s'aplatit dès lors que la forme et le nombre des calculis qu'elle contenait furent représentés sur la surface; le globule d'électrum s'aplatit dès lors qu'il reçut, en plus de la frappe du coin de revers, celle du coin de droit, montrant l'autorité émettrice. Dans les deux cas, l'objet volumique céda devant l'objet plat.
L'innovation majeure de l'écriture monétaire se situe dans l'intégration par le signe lui-même du paramètre de la mesure : globules et pièces d'électrum étaient pesés, tandis que les calculis montraient un nombre, sans le substantifier.

Voici ce que l'invention de la monnaie frappée et la comparaison de cette dernière avec l'invention de l'écriture nous a appris : échanges, métal précieux, langue, nombre et oeil. Il faut nous y résoudre : la monnaie frappée est une langue qui n'est pas produite par l'appareil phonatoire des hommes, mais captée par leur regard; la monnaie frappée est une langue de choses visibles.

 Lydiens et Ioniens parlant des langues différentes, mais écrivant dans les mêmes signes alphabétiques, se dotèrent d'une langue non naturelle commune : les pièces de métal précieux, qui rendirent toutes choses égales à toutes choses, prirent la place des choses dans les échanges, tout comme les mots prennent sans cesse et toujours la place des choses dans la vie.
La monnaie frappée figura donc une sorte de langue, qui disposa de «mots» sous la forme de globules, puis de pièces.
Observons ici non plus les signes que constituent globules et pièces, mais les signes qu'ils portent. Sur le droit et le revers apparaissent des images, les types comme disent les numismates : lion de Sardes, phoque de Phocée, tortue d'Égine, gueules affrontées de lion et de boeuf sur les créséides; des lettres notent des noms propres, mais pas avant longtemps la dénomination de la pièce. Tous ces signes permettaient d'identifier la puissance émettrice et, avec elle, l'étalon pondéral. Car les Anciens connaissaient les aires d'utilisation des différents étalons (par exemple, une pièce dont le symbole réfère à Artémis vient sans doute d'Éphèse où règne Artémis, et vaut une mesure de l'étalon milésien, le même qu'à Sardes). Les types constituent une information très variée.


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 Lorsque Crésus opéra la coupellation de l'électrum et frappa des créséides d'or et d'argent, il transforma également l'iconographie; le type précédent, qui donnait à voir une tête de lion et une tête de boeuf dos à dos et se mêlant au niveau des épaules, fut transformé en un type nouveau qui montra une tête de lion et une tête de boeuf séparées et affrontées. Le lion figurait, dans l'Orient ancien, le roi et illustra très certainement l'or sur les créséides - or identifié au soleil, métal du roi en Mésopotamie, dont l'origine est le sperme du dieu Marduk de Babylone. Le boeuf, premier parmi les animaux qui marchent en troupeaux, y représenta sans doute l'argent, associé à la lune (les cornes). Les emblèmes animaliers des créséides font plus que rendre visible la séparation de l'or et de l'argent, ils montrent que les métaux précieux entretiennent des rapports non seulement avec le monde des dieux, mais avec le corps des dieux.

LA MONNAIE au moyen-age

La fin de l'empire romain avait marqué l'arrêt des échanges commerciaux par la monnaie et la reprise progressive du troc. La monnaie impériale disparaît peu à peu. On connaît alors une période de véritable chaos monétaire. Avec l'arrivée au pouvoir en Gaule des Carolingiens se rétablit le système monétaire sur l'exemple antique. Des pièces en or sont mises en circulation, ainsi que des subdivisions en argent et en bronze, afin de faciliter le commerce des biens quotidiens. La puissance publique de l'Empire carolingien va à son tour laisser la place au fractionnement féodal, et ce jusqu'au XIIème siècle.

Au 13ème siècle, on frappa à nouveau de la monnaie (Florence frappait son florin d'or, Venise, son ducat d'or, Gênes, son florin génois, etc.). Pour contrôler  les échanges des diverses pièces, on fit appel à des changeurs. Ces derniers pesaient, contrôlaient, évaluaient et, parfois, prêtaient la monnaie. Les changeurs faisaient leurs opérations assis sur un banc (d'où le mot banque).
Les monnaies médiévales nous montrent ainsi des thèmes qui sont toujours stylisés et qui peuvent représenter le souverain dans sa fonction (sur son trône tenant le sceptre et la main de justice) mais jamais comme individu ou comme une quelconque marque de pouvoir personnel. Les monarques ne sont pas personnifiés, mais représentés en majesté, dans la plénitude de leur fonction régalienne de monarque de droit divin. Un autre thème est couramment utilisé : la représentation religieuse, comme l'agnel qui est fabriqué dès 1311 pour Philippe IV.

La monnaie qui apparaît au XVe s. en Europe méridionale, et qui se développe ensuite dans toute son étendue, rompt avec la monnaie médiévale de façon nette. La technique de frappe va considérablement évoluer au cours du XVe s. pour se tourner vers une manière mécanique et "industrielle" de produire des monnaies grâce à un outillage perfectionné. La force de l'homme ne sera plus seule en cause car elle sera décuplée par la machine.
La monnaie moderne commence sa carrière aux XVe et XVIe siècles, période de création et de transformation qui vit la découverte d'un nouveau continent, mais aussi la naissance du livre imprimé (Lucien Febvre et Henri-Jean Martin.- L'apparition du livre.- Paris : Albin Michel, 1971, coll. "L'Evolution de l'Humanité"). Cette monnaie moderne qui apparaît s'inscrit parmi les évolutions importantes de cette période, de la même manière que le livre imprimé est une révolution dans l'histoire de l'écrit et des civilisations. Le parallèle entre la naissance de la monnaie moderne et l'apparition du livre imprimé est d'ailleurs très significatif. Ces deux nouveautés sont très proches l'une de l'autre et les liens qui les rassemblent sont étroits. Toutes deux utilisent des "poinçons" de caractères, des outillages consistant en "presses", et, fait remarquable, vont entraîner des modifications importantes, d'une part pour l'essor des connaissances, et d'autre part pour l'essor économique.

La première monnaie internationale des temps modernes nous vient de Vienne. En 1750, pour renouer avec le succès du Reichsthaler de l'empereur Ferdinand 1er (1559), l'impératrice Marie-Thérèse de Habsbourg fait frapper un thaler en or à son effigie (Marie-Thérèse, impératrice romaine, reine de Hongrie et de Bohême, archiduchesse d'Autriche, duchesse de Bourgogne, comtesse du Tyrol). L'or vient des Monts Métallifères de Bohême.  Le Maria Theresien Thaler (MTT) va très vite devenir une monnaie internationale très prisée dans les colonies espagnoles et anglaises d'Amérique, et jusqu'en Afrique orientale. Après la mort de la souveraine, en 1780, elle continuera d'être frappée avec la date de 1780. En 1935, Mussolini réclamera à Vienne le monopole de la frappe jusqu'en 1960 ! Le mot dollar est lui-même une déformation du mot thaler, la monnaie de Marie-Thérèse ayant été la première utilisée par les planteurs d'Amérique du nord.

Vers la monnaie scripturale

L'Europe, inscrite dans la Chrétienté, mais très divisée par le féodalisme des siècles précédents, ne se soucia nullement d'avoir une mesure commune, étalon des valeurs. Au contraire, poids, dénominations, teneur en fin variaient à l'infini, selon les cités, les États, les moments. Les échanges commerciaux prennent de l'ampleur : les marchandises sont transportés d'un point de l'Europe à l'autre par voie de terre ou le long des côtes méditerranéennes. Les risques encourus tout au long de l'acheminement étaient multiples : banditisme, péages outranciers, etc. La nécessité de protéger les intérêts mutuels s'imposait donc et les marchands vont s'associer en guildes : de la cité, l'échange s'étend alors à la contrée et très vite aux régions, annonçant la prospérité. Or le développement du commerce à longue distance - Italie, France, Flandres, Angleterre, Espagne, pour ne dire que l'Europe - nécessita qu'on fît des opérations de change. Mais déplacer des monnaies, lourdes et précieuses, sur les chemins du XIVe était fort aventureux. Il fallut inventer une méthode inconnue de l'Antiquité : la lettre de change, première monnaie graphique. Voici un exemple (11 janvier 1400) de ce qu'on y inscrivait :
" Au nom de Dieu, le 3 décembre 1399. Payez par cette lettre et dans le délai normal à Jean Gharone 550 écus, au taux de 10 sous 5 deniers par écus, montant de la somme que vous a versée Antoine Salella. Payez-la à l'échéance et portez là-bas cette somme à mon compte. Que Dieu reste avec vous "
Habituellement (toujours plutôt), les lettres de change se voyaient accompagnés d'un sceau.

Dans la lettre de change, le tireur signifiait au tiré, qui était son correspondant commercial et bancaire, de payer au bénéficiaire une somme qu'il avait reçue du donneur, donneur et bénéficiaire étant pour leur part également en relations d'affaires; la lettre de change constitua donc, aux XIVe-XVIe siècles, un ordre de paiement, une reconnaissance de dettes, en même temps qu'un instrument de transfert et un instrument de crédit. Dans l'éthique chrétienne, le prêt pouvait être aisément assimilé à de l'usure, radicalement interdite; la lettre de change transformait donc en change de monnaies, inattaquable au plan juridique, ce qui était, en fait, un prêt dont l'intérêt se cachait dans la différence des valeurs monétaires. La lettre de change figure une monnaie au carré, c'est-à-dire de la monnaie (écrite) qui provient de monnaies (métalliques), la monnaie des dieux.
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Comment s'y est-on pris pour familiariser le grand public avec le papier-monnaie ?
En 1656 apparaît le 1er billet de banque par la banque d'Amsterdam dirigée par Poltröch. Celui-ci donne en échange des lettres de change des billets payables à vue sans date d'échéance et sans intérêts. A la même époque les Banques Centrales sont instituées en Hollande, au Royaume-Uni et en Suède. En France, l'émission de billets n'apparaît qu'en 1701 sous Louis XIV.

Comme d'autres souverains l'avaient fait avant lui, Louis XIV n'hésite pas à recourir aux manipulations monétaires pour trouver une réponse aux besoins financiers de la Couronne. Dans un contexte de crise économique et sociale et alors qu'éclate la guerre de Succession d'Espagne, une nouvelle réformation est décidée en septembre 1701. Afin de laisser le temps de fabriquer les espèces nouvelles, on délivre des reçus aux porteurs.

C'est l'origine des billets de monoye qui portaient intérêt et pouvaient être acceptés pour argent comptant avant de pouvoir être remboursés en numéraire. Ces billets constituèrent la première expérience de "papier-monnaie" en France. Ils circulèrent pendant une dizaine d'années, sans doute moins en réponse à une demande de la part du public, qu'en raison de dépenses publiques toujours accrues qui conduisirent à suspendre les remboursements et à procéder au renouvellement des billets à échéance. Il fallut attendre 1711 pour voir supprimer les billets de monnaie. Ceux qui étaient encore en circulation furent transformés en rentes ou, à partir de 1715, en "billets de l'Estat".

Des tentatives pour donner au papier un caractère monétaire ont certes existé sous l’Ancien Régime. La Banque Générale de Law dès 1716, puis la Caisse d’Escompte soixante ans plus tard sont des expériences importantes.
Et surtout, la création de l’assignat sous la Révolution amène pour la première fois l’usage généralisé du papier dans les paiements. Celui-ci est un papier-monnaie, c’est-à-dire un papier non remboursable en métal auquel l’État donne une valeur nominale afin d’en imposer l’usage dans les paiements.
D’une tout autre nature est le billet de banque qui fait son apparition sous le Directoire, au moment où l’excès d’émission des assignats amène leur retrait de la circulation. Le billet de banque est à l’époque un papier émis par un établissement privé, représentant une somme dont le porteur peut à tout instant exiger le remboursement en monnaie métallique auprès de l’émetteur. Il s’agit donc d’une monnaie fiduciaire, fondée sur la confiance de son détenteur dans la capacité de la banque à assurer la conversion en métal, la référence étant l’or.

Le billet de banque, qui prit de plus en plus d'importance dans les échanges, resta convertible en or tout au long du XIXe siècle, jusqu'au 5 août 1914 (en France), le lendemain de la déclaration de la Grande Guerre. Dans les mois qui suivirent, les Français quittèrent le régime monétaire dont l'or était la clé de voûte et la mesure de toutes choses pour manipuler essentiellement de la monnaie graphique (billets, chèques). C'était là couper une relation vieille de plusieurs centaines d'années entre l'or et les nombres. Cette coupure fut lente et complexe; il y eut l'étalon de change-or, puis l'étalon-dollar, qui garantissait le prix de l'or; elle ne fut définitive que le 15 août 1971, lorsque Nixon suspendit la convertibilité-or du dollar.
Désormais, ne rentrèrent plus dans le jeu économique que des biens et des services, d'un côté, des relations chiffrées de l'autre, c'est-à-dire de l'écriture. La dématérialisation de la monnaie est désormais en route, faisant perdre le rapport visible qui existait entre les métaux précieux et les dieux.

L'écriture réticulaire (relatif au réseau internet)

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Nous vivons la troisième révolution graphique de l'histoire. La première, l'invention de l'écriture des langues, eut lieu vers 3200-3100 avant notre ère en Mésopotamie, à Uruk principalement, et en Iran du Sud-Ouest, à Suse. La deuxième, celle de l'écriture monétaire, vit le jour à Sardes et dans les cités ioniennes côtières, sur le territoire de l'actuelle Turquie occidentale, vers 550 avant notre ère. La troisième, l'écriture des réseaux, dont Internet est le plus connu, a commencé entre 1968, première commutation de paquets, et 1972, création du protocole d'Internet.
Ces trois révolutions ont été précédées par environ un siècle d'expérimentations. Celles qui menèrent à l'écriture des langues (-3300 /-3200?) et celles qui menèrent à l'écriture monétaire (-640) sont séparées par environ vingt-six siècles; vingt-six siècles séparent aussi les essais qui aboutirent à l'écriture monétaire (-640) et ceux qui annoncent l'écriture réticulaire (1970). Ces laps de temps représentent les écheveaux sémiologiques où furent exploitées et portées à leur terme les prémices contenues dans les expérimentations premières.

Les lignes qui suivent ne prétendent pas être autre chose qu'un engagement à la réflexion, d'autant plus que l'informatique, qui est à l'écriture arithmétique ce qu'est l'imprimerie à l'écriture des langues, a été laissée de côté.
Le tournant des années soixante-dix s'impose, trente après, comme un moment très spécifique. C'est alors que s'éteignirent quelques questions propres à l'écriture monétaire arithmétique : en 1971, fin de la convertibilité-or du dollar et adhésion de la Grande-Bretagne au système métrique.
Dans les mêmes années démarra l'écriture réticulaire : en 1968 eut lieu la première commutation de paquets en Grande-Bretagne (National Physical Laboratories), en 1969 à l'université de Los Angeles naquit Arpanet pour le département de la Défense américain, en 1972 fut créé l'Internet Working Group, puis entre 1972 et 1974 les premières formes des protocoles Internet virent le jour. Limitant la liste, on ne fait qu'évoquer ici certains développements spécifiques, bancaires (SWIFT, 1977) ou nationaux (TRANSPAC en France, 1978).

S'il est possible de penser que les réseaux engendrent une écriture, appelée réticulaire, c'est parce que saute aux yeux l'analogie suivante : le paquet de données numérisées qui circule sur le réseau est l'équivalent, mutatis mutandis, de la bulle à calculi utilisée par les Urukiens et les Susiens entre -3300 et -3100 et du globule d'électrum des Lydiens et des Ioniens d'Asie Mineure frappé vers -640. Or le paquet constitue la spécificité du réseau téléinformatique. Voyons cela.
Le principe de la commutation de paquets est le partage de la structure, c'est-à-dire qu'une communication entre deux ordinateurs à un temps donné n'immobilise pas un lien. Dans un réseau à commutation de circuit comme le téléphone, un lien physique constant s'établit entre les deux appareils téléphoniques connectés et deux personnes qui ne se parlent pas rendent impossible l'usage de la ligne à deux autres qui voudraient le faire. Un réseau à commutation de paquets n'attribue pas un lien permanent entre deux machines et un même fil du réseau peut servir simultanément à plusieurs communications : la division des données et les paquets qui circulent constituent donc la base théorique, technique et sociale d'un réseau téléinformatique. Un réseau téléinformatique signifie la greffe de l'informatique sur les télécommunications, principalement le téléphone.
Dans un réseau téléinformatique, les ordinateurs sont connectés entre eux pour envoyer et recevoir des données; celles-ci représentent des «informations» de nature variée : textes, calculs, images diverses (mobiles et fixes), musiques, voix et paroles, commandes à un autre ordinateur. Les données émises sont exprimées par l'ordinateur source en bits, signaux électroniques (présence ou absence de contact) symbolisés par zéro et un; pour leur transmission, elles doivent intégrer divers supports physiques de transport, dont le plus répandu reste la paire torsadée de fils de cuivre, utilisée pour raccorder l'usager particulier au réseau téléphonique. Quand les données numérisées passent de l'ordinateur émetteur au réseau transporteur, elles subissent une transformation (modulation-démodulation).

Un réseau téléinformatique est une organisation de transmission logiquement hiérarchisée, où tous les ordinateurs sont connectés à tous les ordinateurs grâce aux conduits et par le relais des routeurs - ordinateurs intervenant uniquement sur le réseau, qui réalisent les fonctions d'acheminement des données, un peu comme les centraux téléphoniques. Pour que ceci soit possible, deux couches d'un même protocole (TCP / IP) rentrent en jeu; IP, Internet Protocol, et TCP, Transmission Control Protocol.
Comment se constitue un paquet? Lorsqu'un ordinateur émetteur expédie une documentation, celle-ci doit, pour circuler sur le réseau, être divisée en «paquets», dont la taille ne peut pas dépasser 1 500 octets (un groupe de 8 bits); la division n'entretient aucun rapport avec le contenu de l'information : elle est technique et arbitraire. TCP, que chaque ordinateur connecté doit savoir gérer, divise le flux numérique des données en paquets, ajoute à chacun d'eux un en-tête, composé d'une information qui indique leur ordre de création et celui qu'il faudra suivre pour les rassembler à l'arrivée, et d'une somme de vérification, un nombre qui sera utilisé pour vérifier si des erreurs se sont glissées en cours de transmission; il fait les opérations inverses lors d'une réception.
Chaque paquet débute par une expression d'adressage, prévue par la norme IP, analogue aux conventions d'écriture des adresses sur une enveloppe : nom de l'expéditeur, nom du destinataire, adresses de l'un et l'autre (numéro de la maison dans la rue, nom de la rue, ville, arrondissement de la ville, département, pays). L'adresse IP est, en fait, constituée d'une suite de quatre nombres séparés par des points; mais, pour entrer et rester dans la mémoire humaine, les adresses IP ont été traduites en langues naturelles : le nom d'hôte qui héberge l'ordinateur, le nom de l'organisation ou entreprise à laquelle est rattaché l'hôte et le nom du domaine auquel sont rattachés les entreprises et organismes en question. Un paquet est donc une division arbitraire du flux numérisé, pourvu d'un en-tête et d'une adresse indiquant la machine destinataire et la machine source. Ces indications sont lues par les ordinateurs qui gèrent le réseau et organisent l'acheminement des paquets.

rich320Le paquet est l'unité de base d'écriture sur un réseau téléinformatique. C'est lui qu'il convient de comparer aux bulles-enveloppes à calculi et aux globules d'électrum, sur certains points. Du fait du gigantesque écart technologique qui séparent ces outils d'échange, nos comparaisons seront vagues, mais il n'est nullement indifférent qu'elles puissent être faites. D'abord, sous l'aspect de la division d'un flux. La bulle-enveloppe figurait un acte de parole, isolait en les matérialisant l'expression des nombres et le nom propre du propriétaire du sceau, énoncés lors de la transaction. Le globule, division du flux d'électrum, référait par son poids à un système de mesure extérieur aux transactions. Le paquet divise le flux numérique selon l'ordre technologique et non point selon des conventions et actes sociaux (conversation, mots, mesures).
Ensuite, au plan de l'identification de la puissance émettrice, responsable de la division du flux. Comme la bulle et le globule sur lesquels un sceau était imprimé, sceau oriental qui représentait la signature de l'expéditeur, sceau lydien ou ionien indiquant l'autorité émettrice du globule, le paquet porte sur lui sa propre identification : l'adresse IP de la machine émettrice (je laisse ici de côté le cryptage des données).

Restent les aspects géographiques et culturels. Les bulles circulèrent entre Uruk et la Syrie, entre Suse et le plateau iranien, les globules entre l'empire lydien de Sardes et les cités ioniennes. Ces signes furent créés pour une aire de circulation plus ou moins vaste, en tout cas politiquement hétérogène. Les paquets circulent d'emblée sur toute la planète : ce fut vrai dès la naissance du Web : échanges entre physiciens du C.E.R.N. et leurs collègues d'outre-Atlantique.
Les personnes qui échangèrent des bulles et des globules, celles qui échangent des paquets peuvent n'avoir pas la même langue, mais partagent forcément un code : les jetons dans le vieux monde oriental, le métal précieux pesé et l'alphabet complet en Asie Mineure du VIIe siècle avant notre ère, l'anglais international et les normes et protocoles d'interconnexion des ordinateurs en cette fin de XXe siècle de notre ère.
Les écritures se construisent les unes sur les autres. L'écriture arithmétique s'est déployée grâce au vecteur de la monnaie frappée sur la base de l'alphabet complet; l'écriture réticulaire utilise les acquis des écritures linguistique et arithmétique, et ceux du développement industriel de l'écrit, dont l'informatique et le téléphone font partie : elle part de ce que les langues, les êtres, le monde, tout peut être écrit en chiffres. 

L’écriture réticulaire a ceci de particulier qu’elle réunit  dans le même langage tous les hommes, de nations ou de cultures différentes. Nous semblons revenir vers l’origine de ce qui fut notre civilisation, quand les hommes civilisés de Sumer parlaient encore le même langage et adoraient les mêmes dieux. Si nous retrouvons au terme de jours les mêmes conditions qu’à son commencement, alors la monnaie comme vecteur d’influence civilisatrice et religieuse tendra à l’universalité, comme le dollar monnaie d’échange internationale ou l’euro. Même devenant électronique la  monnaie ne perdra jamais comme elle l’a toujours eu, les rapports non seulement avec le monde des dieux, mais avec le corps même des dieux.

L'euro ou le dollar, qui répondent à un programme sémiologique archaïque, remettent au devant de la scène la fonction linguistique et religieuse de la monnaie. Car les signes renvoient l'homme à sa condition, le miment et le jouent, les signes «font» l'homme, dans le double sens que donnèrent à leur livre Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer «Lorsque les dieux faisaient l'homme».
Dans les écheveaux sémiologiques des vingt-six siècles qui séparent Uruk de Sardes, le culte des dieux sumériens a été pérennisé et conservé bien que les noms et mythes eurent évolué. Les vingt-six nouveaux siècles qui nous ont porté de Sardes vers le monde moderne ont-ils bouleversé l’ordre ancien des choses, ou se sont-elle adaptées au monde moderne ? Les dieux de Sumer se sont-ils évanouis dans les méandres du temps ou noyés dans les religions monothéistes actuelles ? Le diable a t’il fini par perdre la partie qui consistait à perpétuer un culte à sa semence par Caïn ?
Donner une réponse à ces questions est essentielle à la compréhension des événements modernes.

Le développement du commerce et des échanges ont favorisé les évolutions linguistiques, les mathématiques et l’écriture, voire les ont créé par nécessité. La civilisation a donc créée la richesse et plus tard la monnaie, pour comptabiliser cette richesse. La monnaie étant également une ²valeur² spirituelle, plus une nation était riche et commerçait avec le monde et plus elle diffusait sa religion et sa culture comme le firent les phéniciens en leur temps. Le développement commercial est donc un excellent moyen de créer une nouvelle civilisation, boostant la connaissance et les avancées technologiques dans le but ultime d’unifier le monde entier dans un nouvel ordre mondial économique dont la monnaie deviendra le sceau spirituel  qui imprimera sur tous les hommes de la terre la marque du dieu associé à cette monnaie.

Comme on l’a vu, la civilisation sumérienne développa les techniques et le commerce qui nécessitèrent de nouveaux outils d’échanges comme le calculi qui par améliorations constantes menèrent à la science du nombre, les mathématiques et du verbe, l’écriture. L’écriture réticulaire est devenue l’aboutissement  contemporain de cette évolution, comme le commerce du troc évolua en économie globale et financière et ou la monnaie scripturale remplace progressivement la fiduciaire .

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