La menorah

LETTRES BREVES A L'EPOUSE

L A E 11

Que cache la fête des mères ?

En l’honneur de nos chères maman, à l’occasion de leur fête annuelle je leur offre ce magnifique poème d’Ovide écrit pour célébrer la fête des Matrila.

Dès que les ânons aux longues oreilles sont dépouillés de leurs violettes, et que les meules dures écrasent les grains de Cérès, le matelot, du haut de sa poupe, dit : "Nous verrons le Dauphin, lorsque la nuit humide sera levée et aura chassé le jour ". Déjà, Tithon de Phrygie, tu te plains d'être délaissé par ton épouse (Aurora) et Lucifer le vigilant quitte les eaux de l'Orient. Allez, braves mères (les Matralia sont votre fête), offrez à la déesse thébaine (Ino) des galettes dorées ! Une place très fréquentée proche des ponts et du Grand Cirque, tient son nom de la statue de boeuf qui s'y trouve. C'est en lieu et à cette date, dit-on, que Servius, le sceptre à la main, offrit à Mater Matuta un temple saint.

La fête des mères fait partie de ces fêtes mobiles - comme Pâques - dont la date change à tous les ans. En France, elle est fixée au dernier dimanche de mai, sauf si celui-ci est le dimanche de Pentecôte. Dans ce cas, la Fête des mères est reportée au premier dimanche de juin. Cinq siècles avant JC, les romains fêtaient déjà les "Matraliae" (du latin Mater, mère). Cette fête était célébrée en l'honneur de Mater Matuta, la déesse de l'aube et de l'enfantement et avait lieu le 11 juin, au moment où l'on approche du solstice d'été et où les jours sont les plus longs. Mater Matuta (littéralement, la mère du petit matin), une vieille divinité italique d'origine osque, est la protectrice de la maternité, de ce qui vient au monde, du matin et de l'aurore. Elle est identifiée à Leucothée (Ino) chez les Grecs. Cette dernière association vient du fait que, sous des influences helléniques, Mater Matuta reçu des fonctions de déesse de la mer.

Matuta vient du même mot que Tithonus : Tzet, Tzit ou Tzut, ou en chaldéen Tet, Tit ou Tut, allumer, mettre à feu. De Tit, mettre à feu, vient le latin titio, tison, et de Tut avec le préfixe de formation Ma vient Matuta, comme Nasseh oublier, donne Manasseh, celui qui oublie (fils ainé de Joseph), d’où Matuta celle qui met le feu, allume la lumière du matin, l’aube.
A ce stade on commence à mieux comprendre ce que Lucifer vient faire dans le poème d’Ovide, sachant que le Lucifer romain vient de la mythologie grecque, Éosphoros (« qui amène l'aube ») ou Phosphoros (« qui amène la lumière ») désigne Vénus quand elle brille le matin. Lucifer fils d’Aurora nous mène au couple suivant.
Tithon et Aurora sont donc une sorte d’entête qui prépare le reste du texte. Tithonus était le mari d’Aurora ou parèdre si on veut. Au sens physique, Aurora veut dire celle qui éveille la lumière, et Tithonus, celui qui allume la lumière ou qui met en feu, soit une forme latine pour écrire l’astre fils de l’aube.

Fête de l'aurore (11 juin)

Après le lever du Dauphin, le 10 juin, les Matrones célèbrent, le 11 juin, la fête des Matralia en l'honneur de Mater Matuta. Rassemblées au temple de Mater Matuta, les Romaines offrent à la déesse des galettes jaunes symbolisant le soleil puis font entrer dans le sanctuaire, pourtant interdit à cette partie de la population, une esclave qu'elles giflent et fouettent avant de l'expulser. Elles portent ensuite dans leurs bras les enfants de leurs soeurs et non les leurs.

Pendant très longtemps, cette fête et le rituel qui l'accompagnait n'ont semblé offrir aucune prise à une élucidation satisfaisante et faisaient l'objet de discussions contradictoires parmi les savants modernes. Quels étaient donc ces rites singuliers, difficilement compréhensibles ? Ils étaient au nombre de deux.
Dans le premier, les matrones romaines portaient dans leurs bras, pour les choyer, non pas leurs propres enfants, mais les enfants de leurs sœurs ; dans le second, elles faisaient entrer dans le temple de Mater Matuta une servante qu'elles battaient ensuite de verges avant de la jeter dehors.
Ces rites étranges, qui ne comportent aucune explication dans le contexte romain ou même gréco-romain, G. Dumézil les a éclairés par une confrontation avec la mythologie védique de l'Inde.
Le Rig-Veda en effet présente la déesse Aurore (Usas) allaitant et léchant l'enfant « de sa sœur la Nuit », enfant qui n'est rien d'autre, toujours dans la mythologie védique, que le Soleil.
Tout se passe comme si Rome avait conservé de son héritage indo-européen un théologème élémentaire, à savoir : « l'Aurore choyant l'enfant de sa sœur la Nuit ». Mais en l'occurrence à Rome le mythe - l'explication en quelque sorte - a disparu ; seul a survécu le rite, qui prescrit aux matrones le comportement de la divinité. Les mères romaines font donc avec les enfants de leurs sœurs ce que, pour la mythologie védique, l'Aurore, sœur de la Nuit, fait avec le Soleil, enfant de la Nuit.
Le second rite, celui de l'expulsion de la servante, s'explique également par le parallélisme védique. Dans les hymnes védiques, la déesse Aurore, en marchant, refoule par la lumière les ténèbres et l'ensemble des dangers, car les ténèbres sont assimilées à l'ennemi, au barbare, au démoniaque, au mal. C'est ce que miment dans les Matralia les matrones romaines sévissant « contre une esclave qui doit représenter, par opposition à elles-mêmes, l'élément mauvais et mal né ».
Les Matralia fournissent ainsi un exemple révélateur de la conservation du rite indépendamment du mythe. Les gestes romains ne prennent leur sens que par la comparaison avec la mythologie védique. Mais cette pratique étrange que G. Dumézil a rendue compréhensible par le recours aux sources védiques n'est plus dans la religion romaine qu'un fossile que les Romains eux-mêmes d'ailleurs ne comprenaient plus. Les explications qu'ils proposaient et qui faisaient intervenir la mythologie grecque, loin d'éclaircir les choses, les rendaient plus obscures encore.

Dans ce que les savants considèrent comme une héritage indo-européen je retrouve en fait l’héritage sumérien initial, dont la culture a conquis les civilisations orientales et occidentales, laissant une même trace mythologique dans les différentes cultures que Sumer influença.
Dans l’étude sur Babylone je démontre comment l’origine des dieux du panthéon sumérien mène en fait à Satan et sa semence Caïn que l’on retrouve sous la forme de la Mer/Mère Tiamat le serpent originel et son fils le dieu Enki qui tue le parèdre de Tiamat, Abzu le dieu primordial des eaux douce auquel il se substitue pour devenir Enki le dieu de l’Abzu. Comme fils de l'astre brillant, Caïn-Enki deviendra fils de l'astre, le soleil. Selon l’auteur H. Colmer, Abzu était le terme original pour notre soleil dans la mythologie sumérienne, il intervient dans la formation de l’univers. Abzu est appelé le soleil primordial et celui qui engendre les planètes dans notre système solaire. Selon les Sumériens, l'Abzu a été considéré comme le domicile d’Enki le Dieu Soleil. L’Abzu, représente aussi et surtout les eaux douces symbole de vie, l’eau de la vie, la représentation mâle des dieux primordiaux issus du chaos originel, Tiamat la mère-mer et son époux Abzu l’océan d’eau douce.
Après avoir été chassé loin de la face de Dieu, Satan et Caïn vont rejoindre les sumériens et s’approprier pour leur propre compte les croyances de ce peuple et se superposer à elles.

Les Matriala romaines ne sont donc plus que les restes oubliés de l’ancien culte babylonien de la mère à l’enfant. La Mère/Mer initiale de serpent qui deviendra l’astre Venus et son fils Enki le soleil primordial qui évoluera vers Marduk déité solaire et dieu tutélaire de Babylone, puis Hélios et Apollon. Les galettes de blé jaune symbolisant le soleil sont dans le symbole du blé (la semence, le fils), l’enfant mené au temple de Mater Matuta afin de renaître à la vie par la grâce de sa mère la déesse de l’aube. Nous sommes ici dans un cas typique d’inversion biblique ou un culte païen parodie par l’inverse le culte au Dieu véritable dons le fils ressuscité apparaîtra aux hommes comme le soleil de justice. "La mère de dieu" en opposition au Père céleste. Ce qui est étonnant, c’est comment le diable a réussit à pérenniser un culte païen en le transformant en simple fête commerciale, notre "fête des mères".

Allez, une dernière devinette ! Qui se cache derrière l’image trompeuse de la Vierge Marie ?

Schoenel - 14/05/2006

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